Etrange Autochtone
Un groupe de touristes chinois visite Paris. Des parisiens suivent la visite guidée d’un quartier réputé « chinois » de Paris. À travers la mise en parallèle de ces deux visites, la notion d’« étranger » est perturbée et apparaît dans sa complexité.
Production : Master 2 Image et Société Université d’Evry – Val d’Essonne
Réalisation : Dianoux Robin
Durée : 17 minutes
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Tout un chacun peut devenir touriste par un déplacement physique, comme c’est le cas pour les Chinois qui viennent en visite à Paris voir les monuments. Mais les personnes originaires de Chine présentes à Paris ne sont pas que des touristes. Certaines y habitent, parmi d’autres populations immigrées, comme c’est le cas à Belleville.
Bien que je vive à Paris dans un quartier chinois depuis des années, ses habitants et les modes de vie qu’ils y véhiculent me restent étrangers, tout comme à de nombreux autres Parisiens. Ceux-ci participent à des visites guidées dans ce quartier afin de d’en apprendre sur ces étranges autochtones qui les font se sentir étrangers dans leur ville. Ces visiteurs se rapprochent ainsi des touristes Chinois, les premiers étant aussi émerveillés dans un temple bouddhiste que les seconds dans la cathédrale Notre-Dame.
Dans les restaurants où ils déjeunent, il devient de plus en plus difficile de différencier les deux groupes. Les visages intrigués et surpris se confondent dans un supermarché chinois et dans les galeries Lafayette. Les uns et les autres sont tout aussi étrangers à ce qu’ils voient.
À Paris, les notions d’« Étranger » et d’« Autochtone » se révèleraient- elles fluctuantes ?
A propos de la réalisation :
Habitant depuis toujours à Paris, dans le quartier de Belleville, je me sens vraiment parisien. Malgré l’habitude, les sentiments d’étrangeté et les pertes de repères subsistent lorsque je me promène dans les quartiers où vit une importante population immigrée. C’est finalement aussi pour cela que j’aime ma ville.
Une vision commune voudrait que des individus aient moins le droit que d’autres d’habiter cette ville, conduisant à les traquer et à les expulser. Allant à l’encontre de celle-ci, je ne considère pas qu’il existe entre moi et d’autres habitants une différence de légitimité à y vivre.
Le touriste peut lui facilement traverser momentanément les frontières pour ses loisirs. Or, avec les immigrés, ils sont tous deux communément considérés comme étrangers.
Le film montre que dans un même espace, la ville de Paris, «Français» et «Chinois» peuvent tout autant l’un que l’autre rentrer dans les catégories « étranger » ou «autochtone», en fonction des situations et du regard porté par l’Autre. La notion d’étranger ne pourrait donc pas être utilisée pour catégoriser des individus.